-- 1er album --
1. Dites moi
2. Premièrement
3. Le roi des fous et des oiseaux
4. Le phare
5. Hans MULLER
6. Super nana

7. Si Allah me donne un fils
8. My name is JONASZ
9. Après la mort Lola
10. Fanfan
11. Mon territoire de chien
12. Quand il me faudra mourir

1 - Dites moi -

Elle avait toujours dans son porte-monnaie
L'île au trésor et des pièces de un franc usées.
Un pinceau de poils de martre
Pour mettre des rideaux bleus
Aux fenêtres de ses yeux
Aux fenêtres de ses yeux.

Un livre à la main sur le balcon
Elle s'endormait dans un vieux fauteuil de Manille
Je cherchais des prénoms : Mathieu, Cécile.
En regardant courir vers dix heures
Dans l'école des filles et des garçons.

Dites-moi, dites-moi même
Qu'elle est partie pour un autre que moi
Mais pas à cause de moi.
Dites-moi ça, dites-moi ça.
Dites-moi, dites-moi même
Qu'elle est partie pour un autre que moi
Mais pas à cause de moi.
Dites-moi ça, dites-moi ça.

Dans mon coeur vaudou
Il y a quatre épingles
Qu'elle a pris soin d'abandonner pour que je pleure.
J'ai cloué ma porte,
Qu'est-ce qui m'a pris ?
J'ai brisé le miroir où elle faisait ses tresses,
Mis du papier journal sous les fenêtres.
J'entendais de l'école trop de cris
Il n'est rien né de notre lit.

Dites-moi, dites-moi même
Qu'elle est partie pour un autre que moi
Mais pas à cause de moi
Dites-moi ça, dites-moi ça.
Dites-moi, dites-moi même
Qu'elle est partie pour un autre que moi
Mais pas à cause de moi
Dites-moi ça, dites-moi ça.
(x2)

 

2 - Premièrement -

Premièrement, on dit que tu touches des pots de vin.
Deuxièmement, que toute notre ville t'appartient.
Troisièmement, que tu vas voir en douce les putains.

Aux réunions du conseil municipal
Tu profites de tes hommes de main
Pour faire distribuer un journal
Où l'on te vante comme un homme de bien.

Premièrement, tu n'avais pas un seul copain.
Deuxièmement, tu n'savais pas t'servir d'tes poings.
Troisièmement, tu chialais toujours pour un rien.

Pour ta paire de lunettes qu'un d'entre nous t'avait cassée
C'est derrière les jupes de ta mère
Qu'avec plaisir tu as dénoncé
Le coupable devant l'école entière rassemblée

Premièrement, tu as une montre à ton gilet.
Deuxièmement, tu es vraiment trop bien peigné.
Troisièmement, à la messe t'es parmi les autorités.

La femme d'un beau quartier
Qu'avec le préfet pour témoin t'as épousée
C'était la seule fille par ici
Qu'aucun d'entre nous n'a voulu embrasser.
A voir vos enfants, sûr que dans votre lit
Elles doivent être tristes, toutes vos nuits.

Premièrement, ne rentre jamais très très tard.
Deuxièmement, fais-toi conduire jusqu'à ton parc.
Troisièmement, la loi n'protège pas toujours les tocards.

Premièrement, dis, c'est vrai qu'tu touches des pots de vin.
Deuxièmement, que toute notre ville t'appartient
Troisièmement, que tu vas voir en douce les putains.

 

3 - Le roi des fous et des oiseaux -

Il n'a jamais mais les rubans des conscrits au revers de son veston
Ni le bon pour les filles ni le bon pour les baisers et l'amour.
Il se tient à l'écart des danseurs à toutes les fêtes des moissons
Mais il suit à travers le village notre vieux garde au tambour.

Et il se frappe sur la poitrine quand il dévale la rue qui mène à l'église
Et il crie en tenant à la main sa paire de sabots :
Je suis le roi des fous,
Le roi des fous et des oiseaux
Le roi des fous et des oiseaux.

Il dit que son royaume commence où la rivière se jette dans les prés.
Détruit les pièges que les enfants mettent pour les gentils rossignols.
Les épouvantails le protègent quand il vient s'endormir à leurs pieds.
On le voit qui accroche des bouquets aux harnais des chevaux qui tirent les carrioles.

Le roi des fous
Le roi des fous et des oiseaux
Le roi des fous et des oiseaux

Depuis que sa mère s'est enfuie vers la ville avec un commis voyageur
C'est une vieille cousine qui s'occupe de lui avec dévouement.
Elle dit toujours Il ne fait pas d'mal, il fait plus pitié que peur.
Et puis elle se signe dans l'épicerie, et tout le monde comprend
Quand il se frappe sur la poitrine, quand il dévale la rue qui mène à l'église
Et qu'il crie en tenant à la main sa paire de sabots :
Je suis le roi des fous,
Le roi des fous et des oiseaux
Le roi des fous et des oiseaux

Je suis le roi des fous,
Le roi des fous et des oiseaux
Le roi des fous et des oiseaux
(ad lib)

4 - Le phare -

Dans la nuit
Quand les cornes de brume beuglent
Quand les chalutiers sont aveugles
Camarades, le phare !

A la barre,
L'homme de quart chancelant s'épuise
Et nos coeurs écoutent l'hélice
Camarades, le phare !
Camarades, le phare !

Si l'océan veut bien nous rendre
Au retour je pourrai étendre
Marie, sur les genêts de la lande.

Camarades, le phare !
Le Dantec
Donnent du rhum par petits verres
Et fait de Sainte Jeanne ta mère
Camarades, le phare !
Camarades, le phare !

Les yeux ouverts sur les étoiles
Sur un grand cimetière de voiles
Marins, la terre n'était qu'une escale.

Camarades, le phare !
Dans la nuit
Quand les cornes de brume beuglent
Quand les chalutiers sont aveugles
Camarades, le phare !
Camarades, le phare !
Camarades, le phare !
Camarades, le phare !

Si l'océan veut bien nous rendre
Au retour je pourrai étendre
Marie, sur les genêts de la lande.

Si l'océan veut bien nous rendre
Au retour je pourrai étendre
Marie, sur les genêts de la lande.
la la la la la la la ...

 

5 - Hans Müller -

Monsieur Hans Müller

Vous vous reconnaissez sur cette photo
En uniforme.
Au deuxième rang dans une section spéciale
Près d'Ernest Röhm

Décoré de la Croix de Fer
Des propres mains du Führer
Avant d'importer des machines-outils
De changer de vie
De présider la Mannheim Compagny
En Bolivie
Vous étiez un officier
Avec la mort pour métier

Monsieur Hans Müller
Oberlieutenant Hans Müller

Je viens du bout d'la Terre
Comme viennent les émigrés.
Et mes yeux sont les yeux de mes frères
Que vous avez oublié

Monsieur Hans Müller
Oberlieutenant Hans Müller

Quand le printemps fleurissait les chemins
Loin des marais
Vers ceux qui s'évadaient, c'était les chiens
Le pistolet

Maître de la Citadelle
Des projecteurs et des appels

Monsieur Hans Müller
Oberlieutenant Hans Müller

Sarah la violoniste
Et Vania le partisan
Jean-François emmené en otage
Pour ces trois entre mille et cent
Je viens du bout d'la Terre
Comme viennent les émigrés
Et mes yeux sont les yeux de mes frères
Hans Müller, je viens vous tuer

Monsieur Hans Müller
Oberlieutenant Hans Müller
Hans Müller
(ad lib)

 

6 - Super Nana -

Dix-huit grèves de poubelles
Que j'traîne dans l'quartier
Jamais vu plus belle qu'elle
Dans la cité.
Les serveuses du milk-bar
Ou du Banana
Qu'on dépiaute dans le noir
Au cinéma.
C'est des trucs pour la toux
Des pastilles, des cachous
Bonbons d'machine à sous
Mais elle pas du tout

Une super nana (x4)

Tous les jours je footballe
Des boîtes de Ron-Ron.
Et comme ces boîtes de tôle
Je tourne en rond.
Quand j'la pêche à la ligne
Du haut d'mon balcon
Elle m'emmène dans l'parking
Et sur l'béton.
C'est l'Brésil pour mille balles
Et j'crawle dans l'penthotal
J'touche le fond de mes palmes
D'la neige du napalm

Une super nana (x4)

J'habite en haut d'cette tour
La dernière du bloc
Ma fenêtre est bien haute pour
L'bacille de Koch
Par delà les antennes
Au d'ssus du cynodrome
Des traînées d'kérozène
Il y a cette môme
Elle marche parmi les détritus
On dirait, comme sur les prospectus
Ces filles allongées à l'ombre des cactus
Tu vois c'que j'veux dire et pourtant c'est juste

Une super nana (x8)

 

7 - Si Allah me donne un fils -

Si Allah me donne un fils,
Rien qu'un fils.

Si mon fils en venant au monde
A des yeux qui ne voient même pas l'ombre
Alors chaque printemps
Je lui décrirai le grand fleuve dans les champs
Sur les collines, dans les vergers,
Les fleurs des orangers.

Mais moi, pauvre fellah
Qui au café ne trouve pas
Un partenaire aux dominos.
Je pourrai alors marcher
Dans la grande rue
Avec un fils
Sur mes épaules nues.

Si Allah me donne un fils,
Rien qu'un fils.

Si mon fils n'entend par le vent,
Les mots de tendresse de ses parents,
Allah pour lui parler
En mon coeur plein de volonté
J'apprendrai avec patience, avec amour
Le langage des sourds.

Mais moi, pauvre fellah
Que le patron ne salue pas,
Avec ma paie le vendredi
A pied j'irai au marché
Le soir acheter
A notre fils
Des chaussures, des jouets.

Si Allah me donne un fils,
Rien qu'un fils.

 

8 - My name is Jonasz -

My name is Jonasz
Mais je ne voyage pas en baleine.
Moi, mon nom c'est Jonasz
Mais tu peux bien m'appeler Michel.

Je suis venu à toi sur un oiseau d'argent
Je t'ai trouvée comme ça tout simplement.
Et me voici
Dans ta chambre de Manhattan
J'essaie de te dire je t'aime,
Te parler, mais alors chaque fois
Que devrait s'élever ma voix

La rue nous bouscule avec des bing, flash et boom,
Sifflets, taxicabs, trucks
Beat the students !
Hey, Marines !
Chili must fall !
Dogs for Nigers !

My name is Jonasz
Mais je ne voyage pas en baleine.
Moi, mon nom c'est Jonasz
Mais tu peux bien m'appeler Michel.

Je t'avais abordée, je ne sais même plus comment
Tu as souri : j'avais un peu d'accent.
Et maintenant, on est tous les deux dans ta chambre
J'essaie de te dire je t'aime
Pas moyen d'arriver jusqu'à toi
Car présente entre toi et moi.

La rue nous bouscule avec des bing, flash et boom,
Sifflets, taxicabs, trucks
Beat the students !
Hey, Marines !
Chili must fall !
Dogs for Nigers !

My name is Jonasz
Mais je ne voyage pas en baleine.
Moi, mon nom c'est Jonasz
Mais tu peux bien m'appeler Michel.

J'espère qu'un jour tu viendras à Paris
Je t'attendrai sur la terrasse, là-bas, à Orly.
Regarde un peu, je me promène avec douceur
Parmi tes taches de rousseur.
Tendrement à Paris la nuit court
Des ailes des statues du Louvre

 

9 - Après la mort Lola -

Après la mort, Lola
Ni vigne ni jardin
Pose ta tête blonde sur l'oreiller brodé.
Laisse glisser des doigts tes bagues ciselées.
Après la mort, Lola
Ni vigne ni jardin

Après la mort, Lola
Ni sucre, ni soleil
Plus jamais le collier
De l'ambre de tes bras
Et dans les nuits d'été
L'odeur des magnolias
Après la mort, Lola
Ni sucre, ni soleil.

Je t'interdis de me quitter
D'ouvrir le couple de volets
De t'échapper dans cette ville
Tout est à craindre sans raison.
La mort en connaît des façons
Pour diriger les automobiles

Après la mort, Lola
Ni baiser ni soupir
Et plus de menthe à l'eau
Que l'on sert en peignoir
Ni de montre qui court
Quand tu dors dans le noir.
Après la mort, Lola
Ni baiser, ni soupir.

Après la mort, Lola
Ni baiser ni soupir
Ni vigne ni jardin
Ni sucre, ni soleil

Après la mort, Lola
Lola

10 - Fanfan -

Je cherche Fanfan la gourmande
Qui avait les yeux en amande
Et dans les poches de son manteau
Des fruits, des morceaux de gâteau.
A l'école après le plein air
On allait se cacher derrière
Les piliers au fond au préau.

Et on partageait son trésor
Ses fruits, j'en ai le goût encore.
On les posait sur nos genoux
Les autres se moquaient de nous :
Vous allez vous marier bientôt.

Je cherche Fanfan la sauvage
Qui cachait toujours son visage
Pour ne pas montrer qu'elle pleurait
Elle qu'on ne regardait jamais.
Devant les grilles noires du lycée
Au seul moment de la journée
Où les enfants se parlent entre eux

Elle restait seule près du portail
Serrant dans ses mains la médaille.
D'une chaîne accrochée au cou
Comme si elle avait peur de tout.
J'allais caresser ses cheveux.

Et puis elle a quitté la ville
J'ai perdu Fanfan la fragile.
C'était un vendredi d'Avril.

Je cherche Fanfan la lointaine
Qui venait comme à la fontaine
Chercher l'amitié dans mes yeux.
Je sentais dans mon corps un feu.
Mais j'étais plus timide qu'elle.
Je lui aurais dit Tu es belle.
L'amour, ce n'est pas difficile.

Un soir, dans le fond d'une impasse
Et qui peut dire que le temps passe
Je me souviens de ce baiser
Comme si je venais de quitter
Ses lèvres, tremblant et malhabile.

Fanfan, je voudrais te revoir avant
Que l'on ait fauché les grands prés
Fanfan, et te dire enfin que je t'aime.
Mais qui peut dire que le temps passe
Pour moi le temps perdu s'efface
Et je pense à toi au présent,
Fanfan.

 

11 - Mon territoire de chien -

Tu longes la rivière la Marinière
Jusqu'au pont de bateaux.
Tu coupes à travers bois, plein de renards
De hêtres et de bouleaux
Tu longes la grand-route, au crois'ment
Devant la croix en pierre
Tu marches dix bonnes minutes,
Le long d'la voie où passe le chemin d'fer.
Au bas de la colline, là tu verras
Y a l'exploitation
C'est la même famille qui y habite
Depuis quat' générations.

Des ch'vaux, des poules, des canards, des moutons
C'est moi qu'en suis l'gardien
Un bol de soupe et je surveille très bien
Mon territoire de chien.

Y a deux ans je suis né d'une belle portée
De bons bouviers des Flandres
Mes deux frères, mes trois soeurs, c'est la patronne
Qui a voulu les vendre.
Le dimanche au café, j'suis sous la table
Mon maître joue aux cartes
Y a la chienne du facteur
Quand j'la fréquente
D'un coup d'pied, on m'écarte.
Tiens, ce soir le patron fait ses cartouches
Il astique son fusil
Demain on va chasser, c'est la patronne
Qui va devoir tout garder.

Les ch'vaux, les poules les canards, les moutons
Elle les garde bien.
Un bol de soupe et je serai demain
Sur mon territoire de chien.
Oui, mais après-demain ?

Des ch'vaux, des poules des canards, des moutons
C'est moi qu'en s'rai l'gardien
Un bol de soupe et je surveille très bien
Mon territoire de chien.
(ad lib)

 

12 - Quand il me faudra mourir -

Quand il me faudra mourir
Quand il me faudra mourir
Que l'on donne congé au brave fossoyeur.
Qu'il boive du vin rosé ou de douces liqueurs.
Mais qu'il laisse la clé et toutes grandes ouvertes
De notre cimetière les jolies grilles ouvertes
En ce jour où la mort viendra à ma rencontre
Que ma femme laisse courir
Les jambes de mes montres.
Quand il me faudra mourir
Quand il me faudra mourir

Qu'on appelle l'écolier en beau tablier bleu
Celui qui ne quitte pas son cerf-volant des yeux.
Qu'au fond de la cuisine, ce jour, la Maria
Lui donne la plus belle part du gros gâteau des rois.
Qu'il s'en aille vers l'école le jour où je m'endors,
Avec dans son cartable des noix et des fruits d'or.
Quand il me faudra mourir
Quand il me faudra mourir

Que l'on dise à mon âne qu'il restera au pré
Qu'il se repose enfin, qu'il mange des bleuets
Que ma fille rapporte les livres de Stendhal
A la bibliothèque du lycée communal.
Qu'elle donne à manger au peuple des pigeons,
Qu'elle jette des sous aux joueurs de violon.

Quand il me faudra mourir
Que ma femme, mon fils et ma dernière fille
Me parlent du mois de mai et des champs de jonquilles.
Et qu'avant de partir, comme partent les jongleurs
Qu'ils ferment les volets, les portes de mon coeur.

Quand il me faudra mourir
Quand il me faudra mourir
Que viennent me chercher les chevaux des poètes.

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